Difficile de se remettre de ses émotions après une journée d'excursion à Katmaï. Les discussions tournent beaucoup autour des moments forts de notre journée d'hier, tandis que nous -guides- essayons d'organiser au mieux la suite du voyage qui s'annonce plus compliquée avec l'arrivée du mauvais temps. Avant de mettre le cap plein nord vers le parc de Denali, nous avons une journée pour découvrir la péninsule de Kenaï, au sud-est d'Anchorage. Cette région regorge d'intérêts culturels (vestiges de la colonisation russe, patrimoine orthodoxe, villages de pêcheurs, baie de Prince William et théâtre du naufrage de l'Exxon Valdez...) et naturels (fjords, glaciers, réserves naturelles et rivières à saumon), malheureusement il nous sera difficile d'en profiter avec cette météo qui souffle de forts vents et crache de lourdes pluies. Nous nous rendons tout de même à Seward pour visiter l'aquarium et s'arrêter devant quelques jolies images...
Sur le bord de la Seward highway, une femelle orignal broute au milieu d'un marais.
Les animaux communiquent entre eux. Pour preuve, regardez cette technique de broutage utilisée par cette orignal.e: ne vous fait-elle pas penser à l'ours en mode autruche ? J'espère que son taux de réussite à elle est au moins tout aussi important !
En route pour le Denali
La longue route Parks highway s'étire d'Anchorage à Fairbanks, passant par le devenu célèbre parc national de Denali, lieu du drame qu'a connu Christopher McCandless et relaté dans le roman puis film Into the Wild.
Mais le parc était déjà bien prisé des amoureux de la nature et des alpinistes en quête d'un nouveau sommet: le mont McKinley, renommé mont Denali, culminant à 6190m et prônant ses neiges éternelles au-dessus d'une toundra arctique.
Aujourd'hui, le parc est très, très visité en été. Pour la beauté de ses paysages, et la présence de bons nombres d'animaux. Une densité qui n'a rien à voir avec les parcs africains évidemment, mais on peut s'attendre à croiser ours, élans, caribous, mouflons de Dall, chèvres de montagne, et avec beaucoup de chance, loups et lynx. En septembre, plusieurs avantages:
- c'est la période de rut de l'orignal, on en voit régulièrement aux abords de la route, ils descendent des collines pour se reproduire. Beaucoup de gros mâles aux bois énormes, n'hésitant pas à charger les envahisseurs de toute sorte...
- Le climat est assez doux, le ciel souvent bleu. L'automne arrive, et les forêts se parent des milles nuances de jaune/orange.
- Les nuits s'allongent, l'obscurité se densifie: c'est le début de la période des aurores boréales.
La route fait partie intégrante du paysage, serpentant entre les forêts et les plaines couvertes d'une toundra arctique
Bon, il faut bien qu'il y ait des inconvénients à venir pendant la belle saison. Clairement, à Denali, il y a beaucoup trop de monde. Heureusement, les autorités ont décidé de fermer aux particuliers la plus grande partie de la route qui s'enfonce dans le parc, laissant uniquement rouler les bus touristiques. Le revers de la médaille: ces bus sont de plus en plus nombreux et dénaturent la beauté de Denali. Les infrastructures poussent comme des champignons et l'ambiance n'est plus vraiment sauvage. Sur la portion de route ouverte aux véhicules, la moindre observation d'un animal crée des bouchons sans limite, des voitures arrêtées n'importe comment et les selfies justifient les comportements irresponsables envers la faune mais aussi les paysages. Alors, il faut pousser la visite un peu plus loin, sortir de son véhicule et entamer une randonnée: là, on commence à s'immerger, à entrer en osmose avec les éléments, loin de la foule polluante et sonore.
Stampede road
Suffisamment d'articles de blog et de site reprennent l'épopée de McCandless. Pour beaucoup de jeunes, Into the Wild est devenu un chemin à suivre, une philosophie, voire un besoin vital. Ils se lancent à l'assaut de leur rêve commun, le pèlerinage sur le stampede trail pour gagner le fameux bus vert, le "magic bus" où s'était installé leur héros. Depuis la sortie du film, c'est une invasion de baroudeurs que connaît le site. Pourtant, le sentier requiert une certaine préparation et le trek n'est pas sans danger. Il nécessite en général deux jours de marche et surtout, le passage d'une rivière particulièrement dangereuse, la Teklanika, qui fut à l'origine de la mort de McCandless en 1992. Plusieurs visiteurs se sont fait surprendre et sont morts noyés, le dernier remonte à l'été dernier: une jeune femme de 24 ans, en voyage de noce, s'est fait emporter par le courant...
En tant que guides, avec Hélène, nous souhaitions proposer une petite balade surprise à nos clients, n'ayant pas beaucoup gambadé durant le voyage: comme le parc de Denali est très visité, nous envisagions de leur faire découvrir le début du sentier de Stampede, histoire de se dégourdir les jambes dans un environnement pour le moins into the wild. En fait, il y a très peu de sentiers de randonnée dans la région en dehors de celui-ci. Mais, ne connaissant pas l'état de ce chemin, il nous fallait aller le découvrir en "éclaireurs". Le mot est assez juste finalement, car c'est vers minuit que nous avons enfin eu l'occasion de nous y rendre sans les clients. La Stampede road part de la Parks highway au nord du village de Healy. D'abord bitumée, elle devient gravillonnée. L'obscurité n'était entravée que par la lune et nos phares. Le silence, seulement par notre bruit de moteur. Au bout d'un bon quart d'heure, nous arrivons tout au bout de la route se terminant en cul-de-sac pour laisser place au fameux sentier Stampede trail. Et là, quelle ne fut pas notre surprise de voir une sorte de terrain vague occupé par des mobil-homes et minivans, des tentes et des camping-cars. Certains s'étaient installés confortablement autour d'un feu avec des bières et semblaient attendre leur départ sur le sentier. Leurs cris résonnaient bien loin dans la toundra.
Nous avons tout de même coupé le moteur et entrepris un début de balade pour tâter le terrain. Très vite, des phares puissants arrivent d'en face: c'est un énorme 4x4 qui s'en revient d'on ne sait où... côté terrain, d'immenses flaques noient le sentier sur plusieurs dizaines de mètres, nous contraignant à le contourner par les terrains très marécageux. Autant dire, une avancée délicate et à ne surtout pas entreprendre sans grosses chaussures ou bottes. Malgré tout, l'aventure nous anime. Éclairés par la lune, aidée seulement par notre frontale en cas de nécessité, nous évoluons dans une nature où les ours peuvent surgir à tout moment. Cette pensée fait frissonner.
Finalement, après le passage de quelques zones trop inondées, nous décidons de nous arrêter quelques instants pour profiter de cette ambiance si particulière d'une randonnée nocturne en pleine toundra, avant de rebrousser chemin. Nous ne pourrons pas proposer cette randonnée à nos clients, mais je garderai longtemps en mémoire cette tentative d'exploration en éclaireur, qui s'est terminée par l'apparition de petites aurores douces dans le ciel arctique...
La Dalton highway: cap vers l'océan arctique
La Dalton highway, ou la route des extrêmes. Son histoire est commune avec celle de la découverte d'immenses gisements de pétrole à Prudhoe Bay. Construite en 1974 comme route d'approvisionnement pour l'oleoduc qui relie Valdez à Prudhoe Bay, elle part de Livengood, à quelques bornes au nord de Fairbanks, et se termine à Deadhorse. L'hiver, la dernière partie de route, entre Deadhorse et Prudhoe Bay, est une route de glace empruntée par les poids lourds autorisés pour ravitailler les stations de forage.
Cette route mythique, couverte de graviers ou de terre (hormis sur les 175 premiers kms), traverse le cercle arctique et seulement trois villages: Coldfoot et Wiseman (moins de 20 habitants) et Deadhorse (25 résidents permanents mais nombreux saisonniers). Ces étapes offrent des solutions d'hébergement pour les motards et autres en quête d'aventure...
Moi, j'aimerais bien aller y faire un tour. Histoire d'en montrer le préambule à nos clients, nous nous rendons au nord de Fairbanks, en s'imaginant ne plus s'arrêter avant l'océan...
Si l'été et l'automne apportent leurs réjouissances colorées, l'hiver couvre la route d'un beau manteau de neige. Cette photo en est la preuve. Quelle formidable aventure ce doit être de parcourir les 666km de cette route déserte...encore faut-il s'y préparer comme il se doit.
Retour à Denali: l'été s'en va
Après avoir rêvé du Grand Nord en s'échappant le temps de quelques heures sur les prémices de la Dalton highway, nous laissons notre groupe à l'aéroport de Fairbanks. Presque 3 semaines se sont écoulées depuis le début du voyage à Juneau. Suffisamment longtemps pour avoir la tête remplie de cartes postales, de moments d'émotion, de contemplations, de joies et de découvertes. Être guide apporte son lot de satisfactions mais aussi de difficultés, et c'est un petit challenge de laisser repartir son groupe avec des sourires sur tous les visages. Je crois que c'est chose faite :-)
Pour l'heure, nous devons rapporter les vans à Anchorage, et avons donc une belle journée de route devant nous. Histoire de re-traverser ces paysages de rêve. Et, chose étonnante, le parc de Denali ne se présentera plus du tout sous les mêmes couleurs qu'il y a 3 jours. Déjà, la plupart des visiteurs sont repartis. Les boutiques et restaurants ont fermé. Et puis, le climat s'est amplement rafraîchit, Il a neigé sur les sommets, et les plaines s'ornent de couleurs moins chaudes.
Nous poussons la balade un peu plus loin, pour sortir des sentiers battus et ressentir la véritable ambiance du parc: celle des marécages imprévus, de l'air frais, du silence absolu, des mouvements furtifs dans les herbes hautes, de la solitude et de la liberté. Et pourtant, nous ne sommes pas allés très loin, mais marcher dans l'ailleurs change TOUT.
Un peu plus au sud le long de la route, nous croisons un endroit qui sent le barrage à castors à plein nez.
...nous tentons de nous y engouffrer mais encore une fois, les terrains marécageux ont raison de nous
Un peu plus loin sur la route, nous croisons une gorge toute jaunie
Enfin, comme pour venir nous saluer et nous remercier d'être venus sur le territoire américain, c'est le symbole du pays qui vient nous rendre visite.
Gary (samedi, 19 octobre 2024 02:11)
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Marie Clarisse (dimanche, 28 mai 2023 15:18)
bonjour,
Quelle compagnie avez vous choisi pour votre safari en Ouganda?
Jacques Cherpillod (lundi, 02 janvier 2023 21:09)
Bonsoir Augustin
Jusqu'alors je n'avais pas lu tes poèmes. Je les ai aimés et ils correspondent au personnage que j'ai apprécié l'automne passé en Afrique, pas tant comme guide ni comme spécialiste du gnagnagna verniculé mais comme humain bien sympathique et sensible.
Très bonne année et au plaisir de te revoir j'espère
Jacques
MANZONI Isabelle (vendredi, 05 août 2022 09:44)
Bonjour,
Bravo pour ces magnifiques photos !
Je voudrais bien recevoir des "news" sur vos périples, à titre professionnel (pour Le Progrès de Saint-Claude) et personnel (mon mari était un ami d'enfance de votre papa).
Bien à vous
Isabelle
Cadre (lundi, 29 mars 2021 08:44)
Bonjour
Nous organisons un voyage en Ouganda et avons contacté l agence de votre magnifique reportage ( joshua ) . Vos photos sont top
Olivier et martine
M.C. Lapérouse/vaginay (vendredi, 05 février 2021 02:19)
Marie-Claire
J'ai 84 ans, donc plus de voyages ! Je viens de vous découvrir !
Votre site m'émerveille : Queyras (pourquoi pas "sous la neige" et cadrans solaires !),
mon adorée volcanique Islande et tant ... de "découvertes" et "rappels" des voyages de ma fille !
Merci ! Continuez à me faire rêver !
Vincent Lecomte (samedi, 02 janvier 2021 16:21)
Je suis très impressionné par la qualité des photographies dans ce livre, et je le recommande vivement à tous les amoureux de la nature, des paysages du monde, et des civilisations. De plus, le livre est accompagné de citations patiemment choisies par l'auteur, qui font toutes rêver ! Du bel art par un passionné ! Bravo !
Ninon V. (mardi, 29 décembre 2020 18:24)
Bravo et encore bravo pour ce livre Une veilleuse sur le monde...
C'est un voyage entre féérie et poésie, avec des images à couper le souffle et des textes d'une grande qualité!
A quand une exposition?
Merci pour tant de profondeur et d'hommage au Vivant!
Blanc (mardi, 20 octobre 2020 19:39)
Superbe à fotos
Chantal et Jean-Michel (samedi, 29 août 2020 10:59)
Bonjour Augustin.
Sommes les personnes qui t'avaient envoyé une petite carte de Nome En Alaska.
Espérons que tout va bien pour toi malgré ce Covid 19 qui nous embête tous.
Pour nous, Madagascar et la Patagonie (prévues en septembre et janvier) devront attendre...... Comme toi somme allés dans le Alpes début juillet. Au fin fond de la Savoie avons fait également de belle randos seuls dans la montagne au milieu de fleurs. Pour septembre: Baie de Somme, le Cotentin, Lozère-Ardèche???
En attendant nous admirons tes reportages.
Plein de bonnes choses pour toi. Bien affectueusement
Marchand Michel et Noëlle (jeudi, 04 juin 2020 10:48)
Merci Augustin , nous apprécions beaucoup textes et prises de vue .
Alors continue bien avec ton nouveau drône.
La Normandie est merveilleuse et tu nous incites à la découvrir un peu mieux .
Nous t'embrassons affectueusement
Michel été Noëlle
Torre Peres (jeudi, 04 juin 2020 08:40)
J adore les paysages de la campagne normande
Gerard (samedi, 25 janvier 2020 19:02)
Merci Augustin de me faire partager ces merveilles et dont j'apprecie la façon dont tu en parles.
Je découvre une personne d'une grande sensibilité, une personne tres réfléchie, vraie et entière.
Malgré notre différence d'âge et un parcours de vie si différent, des liens mystérieux nous rapprochent...
Pauline (samedi, 25 janvier 2020 13:37)
Tes récits et tes photos sont une prolongation du voyage vers le rêve, un instant figé comme un affront au temps, interdisant l’oubli. A chaque nouvelle observation s’éveille ces détails qui nous avaient lors du premier regard échappés.
Une beauté formelle qui nous apprend à voir.
J’espère pouvoir continuer de t’accompagner dans cet art passionnant, cette littérature de l’œil, à travers chacun des voyages de la vie, puissent-ils se dérouler à l’autre bout du monde ou au creux de notre quotidien.
Grégoire (mercredi, 13 novembre 2019 21:20)
Toujours aussi bien écrit, avec des photos de plus en plus belles ... bravo !
Isabelle Salathe (mercredi, 13 novembre 2019 12:47)
Magnifique ton récit et tes photos sur “ton-notre” voyage en Alaska !
Bravo et merci !
Isabelle
erkki (mercredi, 13 novembre 2019 11:38)
très beau site
CATHERINE GALHAUT-CATELAIN (mercredi, 13 novembre 2019 10:50)
Bravo à toi Augustin. Continue à nous faire rêver. Bises Catherine et Tof
Grégoire (mardi, 27 août 2019 21:57)
Bravo Augustin, on se régale de tes photos superbes et du texte qui les accompagne (ou l'inverse !).
Félicie (mardi, 27 août 2019 17:32)
C’est magnifique, le texte, les photos, je m’y suis presque crue, et je peux te dire que ça n’a fait qu’accroître mon envie de découvrir cette région que tu sais si bien nous faire partager...